TOUT EST POSSIBLE A DIEU
I.
PREPARE PAR DIEU
Celui Qui nous connaît nous a choisis dès le sein maternel et nous conduit par des voies souvent incompréhensibles, mais merveilleuses, pour réaliser Ses plans, souvent mystérieux à nos yeux, et pour mettre en évidence Sa puissance et Son amour, malgré nos résistances.
Nous pouvons lire, dans Eph. 1 : 12 : «Et sommes aussi devenus héritiers... afin que nous servions à la louange de Sa gloire». :
«Nous sommes son ouvrage, nous avons créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions» (Eph, 3, 10).
Gardé par Dieu dès l'enfance, et pourtant loin de Lui
Comme mes parents avaient une exploitation j'ai été élevé à la campagne près de la nature.
Je n'avais que cinq ans, et déjà Dieu manifestait Sa grâce envers moi: un jour où, par une trappe restée ouverte, je tombai du grenier à foin sur le pavé de l'étable, un valet de ferme avait pu, à ce moment précis, me voir tomber, accourir, me porter aussitôt jusque dans la cour et mettre, sans retard, ma tête sous la fontaine d'eau fraîche, avant de m' amener à ma mère. C'est alors que, le sang coulant de mes oreilles et de mon nez, j'eus la vie sauve.
Oui, Dieu, dans Sa grâce, avait déjà mis Sa main sur moi !
Mes parents n'étaient pas d'authentiques croyants, ils n'avaient qu'une forme extérieure de piété. Aussi, étant jeune, j'allais de temps en temps à l'église. Mais les prédications monotones m'ennuyaient. Je pensais à tout autre chose. Pour moi c'était du temps perdu! Et d'ailleurs, en regardant de près la vie de ceux qui se disaient chrétiens, je m'intéressais de moins en moins à leur religion.
J'estimais qu'il ne servait à rien d'aller à l'église, puisque cela semblait n'avoir aucun effet chez ceux qui la fréquentaient. Ils en ressortaient comme ils y étaient entrés. Je me disais que cela ne valait pas la peine de croire en Dieu, si c'était pour vivre ensuite comme ils vivaient.
A la recherche des plaisirs de la vie
Ce que je voulais, c'était vivre et être heureux. Aussi me suis-je tourné là où je pensais pouvoir trouver ma satisfaction.
Plus tard, j'ai compris que déjà, à ce moment-là, Dieu avait Sa main sur moi, qu'il me cherchait bien avant que je ne Le cherche moi-même.
J'aimais la beauté de la nature, les oiseaux, les bêtes; et, plutôt que d'aller à l'église, je sortais pour observer les plantes, les arbres, mais aussi les oiseaux, les papillons, et tous les autres animaux.
Cela m'intéressait plus que le travail d'exploitation des terres. Et pourtant, j'étais aveugle: je ne voyais pas le Créateur!
Pendant mon adolescence, c'est dans la musique, les arts et les peintures, que je cherchais ma satisfaction;
J’aimais tout ce qui était beau. Et pourtant, je restais toujours insatisfait !
Premières expériences de la Guerre
Puis, après l'examen final de mes études au lycée, je devançai le service militaire en m'engageant pour un an, en vue de pouvoir poursuivre ensuite mes études. J'avais à ce moment-là 17 ans, et c'est alors, en 1914, qu'éclata la guerre et que je fus envoyé au front comme sous-officier.
Je vis, pendant cette guerre, tant d'injustices, de destructions, d'horreurs, de cruautés et de souffrances, que j'en arrivai à la conclusion: «Dieu n'existe pas, sinon II ne permettrait pas tout cela». Je devins athée, ne croyant plus, dès lors, ni en Dieu, ni en Jésus-Christ; je ne voulais plus rien savoir, ni des prédicateurs ni des chrétiens.
Je niais ouvertement devant les hommes l'existence de Dieu et de Jésus-Christ.
Et pourtant, en dépit de mon parti pris d'athéisme, Dieu continuait à veiller sur ma vie, comme II le montra un jour du printemps 1918, tandis que j'étais officier de liaison entre l'artillerie et l'infanterie, auprès de l'Etat-major. Ce jour-là, un obus-torpille, traversant plusieurs mètres de roches, explosa dans une grotte où je me trouvais retranché avec d'autres.
Seul survivant de cette tragédie, dans laquelle tous mes compagnons de retranchement trouvèrent la mort, déchiquetés, je pus, malgré une blessure à la tête, sortir de la grotte, et être transporté à l'hôpital militaire. Oui, à nouveau Dieu m'avait protégé !
Après la guerre - L'illusion d'un bonheur sans Dieu
La guerre terminée, je fis d'abord un an d'études à Paris, puis, en 1919, j'entrai à l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts de Nancy pour deux ans. Là, en marge de mes études, et de concert avec mes camarades, je cherchais à profiter de la vie, en goûtant aux différents plaisirs que le monde peut offrir.
Néanmoins, mes yeux, qui étaient ouverts pour le mal et le péché, pour ce que la Bible appelle «la convoitise des yeux et de la chair», restaient fermes quant aux choses de Dieu.
Aussi, lorsque j'eus terminé mes études, et dès l’ins¬tant que je fus installé à l'Inspection des Eaux et Forêts de Colmar, le 1er octobre 1921, en qualité de Garde Général, Adjoint de l'Inspecteur, et qu'une belle carrière s'ouvrait devant moi, c'est dans le travail que je me mis à puiser ma satisfaction, dans le service forestier !
Dès lors, je pouvais, humainement parlant, me consi¬dérer comme comblé ; non seulement j'avais pu assouvir mes désirs et satisfaire mes convoitises, mais n'avais-je pas même obtenu tout ce que je pouvais désirer : une gentille épouse, une maison, avec, au surplus, voiture, place d'honneur, belle carrière, service passionnant ! Au fond, j'avais «réussi dans la vie», comme on dit ! Cepen¬dant, étais-je satisfait ? Non ! Je me disais : «Ne te man¬que-t-il pas encore quelque chose? Quel est donc le but de ta vie ? Est-ce cela, la vie ? - En fait, ce qu'il te manque, c'est la vraie Vie !»
Un chemin nouveau
Attiré par la Parole de Dieu
Voilà dans quelle situation intérieure je me trouvais, lorsqu'on juin 1922 j'assistai à une conférence donnée par un officier de l'Armée du Salut dans une salle publique de la ville, et dont le thème était «la véracité de la Bible».
L'orateur démontra comment les prophéties bibliques au sujet des quatre empires, Babylonien, Médo-Perse, Grec et Romain, dont parle le livre du prophète Daniel à propos de la statue de Nébucadnetsar, de même que les prophéties concernant le peuple juif, se sont historiquement réalisées à travers les siècles.
Une recherche nouvelle
Ce mystère captiva tellement mon intérêt que je me mis à lire la Bible.
Je commençai donc ma lecture par l'Ancien Testament, afin de vérifier moi-même l'exactitude de ces prophéties, en en comparant tous les détails avec l'histoire ancienne que je connaissais bien.
J'ai dû alors me soumettre à l'évidence que je consta¬tais, à savoir que l'histoire a été effectivement l'accomplisse¬ment du plan et des prophéties de Dieu révélées dans l'Ancien Testament.
Je fus ainsi conduit à reconnaître que la Palestine est bien, en réalité, le pays que Dieu avait promis à Abraham au Peuple juif
Une découverte nouvelle
En même temps, j'étais frappé par la vie de ces «pères de la foi», de ces hommes de Dieu, tels qu'Abraham, Moïse, David, Daniel, et tous les autres dont parlent les Ecritures, et qui connaissaient authentiquement leur Dieu.
Dès lors, la Parole de Dieu me devenait toujours plus vivante.
Une conviction nouvelle
Puis, j'en arrivai, dans ma lecture, au Nouveau Testament.
Là, je lus que Jésus était le Messie et le Roi d'Israël. Mais je constatai que le Dieu et Sauveur qui y est révélé était différent de celui que les «chrétiens» prétendaient connaître !
Je découvris en effet Jésus, le Fils de Dieu, présenté comme Celui qui est ressuscité, toujours vivant et tout-puissant ! Un désir monta alors dans mon cœur : si réellement il y avait un Dieu Tout Puissant, je voulais Le connaître ; et je me disais : «Ou bien la Bible est vraie, et les chrétiens que je connais ne sont pas de vrais chrétiens, ou alors les chrétiens qui semblent avoir un Dieu mort ont raison et la Bible, qui montre un Sauveur ressuscité et vivant, est une belle légende».
Une vie nouvelle
Aussi commençai-je à prier en disant : «0 Dieu, si Ti existes, et si Jésus-Christ est tel qu'il est décrit dans Bible, alors je Le reçois comme mon Sauveur et Seigneur ; seulement, je ne veux pas d'un Dieu comme celui des chrétiens que je connais autour de moi».
Ainsi, je demandai à Dieu de me révéler Son Fils. Ce fut une courte prière, mais Dieu, dans Sa miséricorde, répondit selon Sa Parole et Se révéla à moi.
Il me révéla Son Fils selon Galates 1 : 15-16. Désormais, par l'effet de la merveilleuse grâce de Dieu, je n'étais donc plus la même personne. Du monde sans Dieu, je m'étais tourné vers Jésus-Christ, pour Le connaître, Lui, ainsi que la puissance de Sa résurrection.
J'avais maintenant une paix et une joie profonde en Jésus; et mon cœur était si rempli d'amour pour tous (2 Cor. 5:14), qu'aussitôt je pus témoigner de Lui autour de moi.
Une famille nouvelle
C'est ainsi que ma femme remarqua rapidement que je n'étais plus le même. Ma mère elle-même, ma sœur, mais aussi mes beaux-parents, avouèrent à leur tour : «Nous voudrions avoir ce que tu as ! », et ils furent l'un après l'autre amenés à la croix.
Mon père, lui, résista longtemps, et il demeura incrédule jusqu'à l'âge de 80 ans ; c'est à ce moment-là que Dieu le saisit et le sauva. Trois ans plus tard il partit dans la paix.
Un but nouveau
Je témoignais aussi de Jésus-Christ à mes camarades forestiers, à mes brigadiers, aux gardes, aux bûcherons, à mes supérieurs, aux maires, sous-préfets, préfets, et même, plus tard, jusqu'au ministère à Paris.
Entièrement à Lui
Mais, c'est en 1923, après une opération (appendicite perforée avec péritonite) où pendant plusieurs jours, je fus particulièrement mal en point, que j'ai consacré entièrement ma vie à Dieu pour Le servir comme II le voudrait et où II le voudrait !
Un amour nouveau
Dans Sa Parole, Dieu me révéla, à travers l'histoire d'Abraham, le mystère de la foi.
Je compris en effet qu'Abraham était une image de |a foi vivante, et je fus d'accord de croire que, si, à son exemple, je prenais Dieu au mot, II me mettrait en bénédiction pour mon entourage.
Par ailleurs, lorsque je constatai que l'histoire de quatre empires successifs, dont l'évocation prophétique m'avait tant frappé lors de ma découverte de l'Ancien Testament, tournait toujours autour du peuple juif, peuple qu'il avait choisi pour porter le salut aux nations Dieu répandit dans mon cœur, par Sa Parole, l'amour pour Son peuple.
Appelé à avertir
La Parole prophétique
C'est pour cela que, lors de la publication, à Munich en 1925, du programme d’Hitler, qui annonçait son projet de supprimer les juifs, Dieu me fit comprendre, par Sa Parole, dans Jér. 16:16 («j'enverrai une multitude de chasseurs, et ils les chasseront de toutes les montagnes et de toutes les collines, et des fentes des rochers»), que si Hitler arrivait au pouvoir, il serait bel et bien un de «chasseurs» évoqués là. Et, dès lors, Dieu me mit à cœur d'avertir les chrétiens du danger du national-socialisme par lequel Hitler, s'il venait au pouvoir, persécuterait les juifs et amènerait le jugement de Dieu sur le peuple et sur le pays.
Aussi, chaque fois que l'on me posait la question, en Allemagne, quant à savoir pour qui voter, pour le national-socialisme ou pour le communisme, je ne pouvais que répondre: «L'un est aussi mauvais que l'autre; priez afin que le jugement sur le pays ne soit pas trop grave».
Les événements confirment la Parole
Or, dès son arrivée au pouvoir en 1933, à la première séance des «Gauleiter», Hitler fit connaître son plan; il allait conduire notamment:
1) à l'extermination des Juifs, à laquelle les chrétiens devraient aussi collaborer, consciemment ou non.
2) à ce qu'après 10 à 12 années de préparation de la jeunesse par la «Hitler-Jugend» (jeunesse hitlérienne), la Bible soit remplacée dans toutes les églises par son livre : «Mein Kampf».
A la suite de cette déclaration, deux «Gauleiter» décidè¬rent qu'ils ne pourraient collaborer à l'exécution de ce plan, et ils donnèrent leur démission. Puis, ils firent connaître ce plan à leurs amis, dans une lettre confidentielle, dont j'eus connaissance par la Suisse.
Ainsi Dieu me confirmait la révélation qu'il m'avait donnée en 1925, par Sa Parole dans Jér. 16:16, qu'Hitler persécuterait et chasserait les Juifs !
Dès ce moment-là, II me fortifia dans la foi, par Sa Parole, pour annoncer ce que les Ecritures déclaraient concernant les événements à venir. Beaucoup, bien qu’inté¬ressés, ne pouvaient cependant pas encore croire à la Parole.
Après la guerre, plusieurs personnes sont venues me confirmer à quel point ces paroles les avaient suivis et soutenus dans les épreuves.
II.
EXPERIENCES DE LA SOUVERAINETE DE DIEU DANS LES ANNEES DE GUERRE
Témoin pendant les derniers temps de liberté
Libéré pour servir
Juste avant l'occupation de l'Alsace par Hitler notre service forestier s'était replié à Foix (Ariège). Désirant rejoindre ma famille à Colmar, j'ai demandé ma mise en disponibilité au Service des Eaux et Forêts français, car je te voulais pas me mettre au service de l'autorité hitlérienne, nais rester libre. Etre libre d'abord pour pouvoir témoigner ! De Jésus, chose que les fonctionnaires ne pouvaient faire sous le régime hitlérien, et aussi avertir de l'imminence du jugement de Dieu qui allait se manifester par ce «chasseur» de juifs. Par la suite, du fait de ma santé déficiente et grâce à mon médecin traitant j'ai pu prendre ma retraite.
Le Seigneur agissait dans les cœurs, et beaucoup purent être avertis et préparés pour les temps d'épreuves qui devaient venir.
Premier contact avec la Gestapo
Ceci me valut d'être appelé, un jour, à me présenter devant la Gestapo pour un interrogatoire.
Mes amis tremblaient, dans la pensée qu'ils ne me relâcheraient plus, et nous avons beaucoup prié.
Etant donné que seul le salut hitlérien était toléré, je demandai à Dieu comment je devais saluer les fonctionnaires de la Gestapo en entrant dans leur bureau.
C'est alors que le Seigneur me donna l'assurance de prononcer, comme salut, à haute voix : «Au nom de Jésus !».
C'est donc ce que je fis ; et, à l'instant même, II manifesta une pleine victoire sur toutes les puissances mauvaises qui animaient la Gestapo. C'était comme si des éclairs avaient traversé, non seulement la pièce, mais même toute la maison ! Un des deux employés, assis à table, devant des dossiers, leva les yeux et demanda : «Qu'avez-vous dit ?» Je prononçai de nouveau les mêmes paroles : «Au nom de Jésus !» Alors, les deux employés, médusés, se figèrent, silencieux, confus, et même gênés.
L'instant d'après, l'un d'eux se mit à feuilleter un cahier, puis sortit, pour revenir, un peu plus tard, avec deux autres membres de la Gestapo.
Un interrogatoire inhabituel
Un long interrogatoire de deux heures s'ensuivit alors, tout au long duquel le Seigneur m'accorda la grâce d'expérimenter littéralement la promesse de Luc 21 : 14,15 : «Je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire» et celle de Mat. 10 :19-20 : «Quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même; car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous .»
J’étais émerveillé de voir de quelle façon le seigneur mettait dans ma bouche les paroles et les réponses qui convenaient le mieux à toutes les questions.
Ce fut à tel point, que les deux premiers officiers de la Gestapo en eurent la bouche fermée et durent appeler à la rescousse tous ceux qu'ils pouvaient encore trouver pour cela dans le bâtiment.
Alors, tous ensemble, les uns après les autres, dans un flot ininterrompu de questions, ils m'interrogèrent, tantôt sur mes activités en tant que prédicateur de l'Evangile, tantôt sur mon opinion concernant la responsabilité de la guerre : n'était-ce pas les Juifs ? tantôt même sur l'Amérique, les Russes, etc... Certaines de ces questions pouvaient être lourdes de conséquences. Cependant, dans mes réponses, j'en vins à leur expliquer que le premier homme avait été aveuglé et séduit, qu'il était ainsi tombé dans le péché, et, dès lors, séparé de Dieu; et je leur parlai notamment de Caïn et d'Abel. Puis je leur parlai de Jésus, de ce qu'il avait fait dans ma propre vie, dans celle de mes enfants, qu'ils appartenaient à Dieu, et enfin que seul Jésus pouvait apporter la paix.
Pour chaque question, le Seigneur donnait les paroles qui pouvaient leur imposer silence.
En fin de compte, on me renvoya chez moi, avec interdiction de quitter ma résidence de Colmar..
De nouveau en route
Cela ne m'empêcha pas, les dimanches suivants, d'être de nouveau en route pour annoncer la Parole de Dieu en Alsace, en Lorraine et en Bade, en vue d'exhorter, dans les réunions, les gens à être des témoins vivants de Jésus et de la victoire de la Croix contre toutes les puissances des ténèbres et à ne pas suivre le mouvement politique de Hitler, en particulier contre les Juifs. Je devais aussi les avertir, comme Dieu me l'avait montré dans mon, cœur, du jugement qui viendrait sur l'Allemagne.
Toute la Parole
La dernière fois que je donnai la Parole, avant d'être conduit en prison - c'était dans une église en Bade - le Seigneur me mit sur le cœur d'avertir que les villes allaient être détruites en Allemagne ; cela effraya tellement le pasteur, qu'il me dit alors :
«Si on prêche de cette manière, on va nous fermer les églises!
-Laissez fermer votre église, lui répondis-je; mais annoncez toute la Parole, la vérité et le jugement de Dieu, comme Noé a dû le faire avant le déluge. Vous n'aurez pas, alors, de comptes à rendre devant Dieu pour les âmes que vous aurez ainsi pu clairement avertir.»
J'appris par la suite, que la Gestapo de Karlsruhe avait envoyé quelqu'un pour écouter ce que je prêchais !
Partir ou rester ?
En revenant en Alsace occupée j'avais d'abord pensé repartir avec ma famille, pour le Midi de la France.
Comme forestier connaissant bien les Vosges, il m'aurait été facile de passer clandestinement de l'autre côté ; mais, la pensée de laisser en arrière les chrétiens en butte à l'hitlérisme, me retint en Alsace !
Aussi, sachant que la Gestapo allait, un jour ou l'autre, venir me chercher et m'emprisonner, j'avais préparé ma valise, et, pendant plus d'un an, chaque jour, j'étais prêt à partir et à tout quitter.
Conduit et fortifié par Dieu en prison
Malgré cela, j'avais l’’ assurance que le Seigneur m'avait donné la tâche d'avertir, jusqu'au jour où II parlerait Lui-même par les événements.
Dieu, maître des temps et des circonstances
Or, c'est exactement ce qui se produisit, car le jour même où la Gestapo vint me chercher et m'enferma, après avoir fouillé toute la maison, c'est ce jour-là précisément, le 1 er novembre 1942, que la flotte américaine débarquait à Dakar pour préparer son intervention en Europe. Ainsi, le Seigneur allait dès lors attester Sa Parole par les événements, et II me confirmait en même temps, par mon arrestation survenant le même jour, que c'était bien là le moment où, comme Il m'en avait donné l'assurance, devait s'achever la tâche qu'il m'avait confiée.
Dès le lendemain, le 2 novembre, Montgomery, le nouveau commandant en chef de la 8e armée anglaise déclenchait l'offensive à El Alamein.
Et le troisième jour de mon incarcération, j'appris, par un gardien de ma nouvelle prison, à Sarrebourg, que l'Afrika-Korps commandé par le général Rommel battait en retraite sous le feu des canons.
Ainsi continuaient à se confirmer les avertissements révélés par la Parole, et que le Seigneur, avant mon incarcération, m'avait convaincu d'annoncer.
Au cours de mes diverses détentions, le Seigneur a merveilleusement manifesté Sa grâce et Sa puissance.
«Ceux qui se confient en l'Eternel renouvellent leur force» (Es. 40:31)
Jusqu' à mon emprisonnement, le travail intensif que je menais, dans le souci de racheter le temps, m'avait tellement épuisé et affaibli que je ne supportais presqu'aucune nourriture et ne parvenais plus à bien dormir.
Mais, dès mon premier jour de prison à Colmar, comme je pus continuer à l'expérimenter ensuite à Sarrebourg, Sarreguemines et Metz, le Seigneur m'a montré Sa grâce et Sa puissance, en me donnant, pour la première fois depuis des années, de pouvoir dormir toute la nuit, de 9 heures du soir à 6 heures du matin sans interruption.
En me réveillant, j'avais l'impression d'être au ciel I Mais il faut dire que la veille quand, pour la première fois, la porte de fer s'était refermée derrière moi, Dieu m'avait rappelé la promesse de Luc 6:22-23 : «Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera,... à cause du Fils de l'homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel... », et m'avait dit de me réjouir. J'ai donc sauté de joie dans ma cellule, puisque j'étais maintenant aussi appelé moi-même à souffrir pour mon Maître l
C'était déjà le cas pour mon fils aîné Jean-Paul. Lui aussi était en prison et fut, par la suite, interné dans les camps d'extermination du Struthof en Alsace et de Weimar-Buchenwald de 1942 à 1945.
Croire
Au cours d'une réunion de jeunes, à Colmar, j'avais parlé de la foi selon Hébreux 11:1 : ceux qui ont cette foi- là voient l'exaucement de la prière dès qu'elle est présentée… Dieu, contrairement aux autres qui ne croient que lorsque exaucement est réalisé et visible.
Pour illustrer cette différence, j'expliquai que, concernant Jean-Paul, nous ne demandions plus à Dieu de le ramènera la maison, mais nous Lui adressions nos prières en Le remerciant de nous avoir déjà exaucés quant à son retour ; tandis que d'autres attendaient de le voir enfin revenu, pour croire à l'exaucement
Guéri par Sa grâce
Lors d'un transport entre deux prisons, dans un camion ouvert au grand froid de la fin novembre, j'ai contracté une grave pneumonie. Et, au cours de ma première nuit dans la prison de Sarreguemines, la troisième où j'avais été transféré, je fus malade à mort.
Or, le docteur ne passait qu'une fois par semaine dans' la prison, et je savais que, humainement parlant, sans aide, sans soins, j'étais perdu ! Cependant, j'étais prêt, selon Philippiens 1 : 20-21, soit à partir auprès du Seigneur, soit à rester pour poursuivre l'œuvre qu'il m'avait confiée.
Mais, dans Sa grâce, le Seigneur intervint: toute la nuit, je fus pris d'une si forte transpiration, que, dès le lendemain matin, j'étais guéri, comme pouvait le constater le médecin trois jours après, lors de sa visite hebdomadaire dans la prison.
Plus tard, d'ailleurs, lorsqu'en 1981, je fus atteint d'une seconde pneumonie, le médecin radiologue de Colmar qui m'examina constata les séquelles d'une ancienne pneumonie au même poumon.
Utilisé par Dieu en prison
Dans les prisons de Sarrebourg et de Sarreguemines aussi, j'ai pu voir la fidélité et la puissance du Seigneur à l'œuvre.
Les chants qu'on ne peut faire taire
A Sarrebourg, je me trouvais avec sept autres prisonniers dans une même cellule.
Or, l'un d'eux avait été incarcéré en tant que «Témoin de Jéhovah». Et, comme deux ou trois jours après, il fut libéré de cet esprit d'erreur et commençait, lui aussi, à prier et à chanter, le gardien finit par s'exclamer : «Depuis que vous êtes ici dans la prison, on se croirait dans une église où l'on prie et l'on chante... !».
Il arriva même un jour que le directeur de la prison se précipite dans la cellule en s'écriant : «Pourquoi chantez-vous ? Il est interdit de chanter en prison ! Les gens de la ville vont s'attrouper sous les fenêtres de la prison pour vous écouter et demander à y entrer pour chanter !»
Comme je lui expliquai que, tout d'abord, j'ignorais qu'il était interdit de chanter, et que, par ailleurs, nous ne pouvions pas pleurer tandis que nos cœurs étaient remplis de joie d'être emprisonnés à cause du témoignage de notre bien-aimé Sauveur et Maître, il fut certainement convaincu par l'Esprit de Dieu, car il ressortit de la cellule aussi vite qu'il Y était entré !
Il S’en alla tout triste...
A Sarreguemines, c'est le sous-directeur de la prison, qui, quelques semaines après mon arrivée, vint dans ma cellule pour me parler.
Il me dit avoir vu ma joie, avoir entendu mes chants et mes prières, et que, jamais, de sa mémoire de directeur de prison, il n'avait vu, ni entendu chose pareille !
Cet homme était en recherche, et c'est avec avidité qu'il m'écouta lui exposer le message du salut ainsi que mon témoignage.
«Voyez-vous, Monsieur le Directeur, concluai-je enfin, je ne suis qu'un misérable prisonnier ; seulement, intérieurement, je suis libre, grâce à la vérité de la Parole de Dieu, et mon cœur est rempli de paix et de joie, tandis que vous, vous êtes encore lié aux choses de ce monde, et, en réalité, c'est vous, le prisonnier !
- Oui, c'est justement pour cela que je suis venu, pour savoir comment vous êtes arrivé à cela, et pour vous demander ce que je dois faire pour pouvoir, moi aussi, recevoir et connaître cette joie.
- Rien de plus simple, Monsieur le Directeur : recevez Jésus comme votre Sauveur et votre Seigneur, en Lui confessant tous vos péchés, et donnez-Lui votre vie pour Le suivre ; vous recevrez alors, vous même, cette joie et cette paix.
- Mais, comment serai-je alors conduit dans la vie ?
- Je ne sais pas comment le Seigneur vous conduira, mais cette paix et cette joie que vous aurez en Jésus, resteront en vous, même s'il vous arrive un jour de ne plus être directeur de prison ou de vous retrouver dans une cellule comme moi !
- Cela coûte cher ! Il faut que je réfléchisse...», me répondit-il alors, en quittant la cellule, tout triste, comme ce jeune homme riche qui s'en alla, lui aussi tout triste, une
fois que Jésus lui eut dit de vendre tout ce qu'il avait s'il liait Le suivre. (Marc 10 : 22)
Cependant, les jours suivants, ce directeur chercha ours à me montrer de la bienveillance, notamment par faveurs de nourriture, en plus de la portion ordinaire des Dnniers, qui consistait en une ration maigre et quelque indigeste !
Dieu incline les cœurs
Le Seigneur disposa aussi le coeur des gardiens à écouter volontiers le témoignage de Jésus. Et, comme alors j’étais toujours seul dans ma cellule, car je ne devais pas de contact avec d'autres détenus, lorsque des prisonniers étaient tristes ou découragés, ces gardiens les amenaient en cachette et les enfermaient avec moi pour que je connsole et que je prie avec eux. Une ou deux heures plus ils revenaient chercher le prisonnier et le reconduire sa cellule. .
Seulement, comme ces heures de cure d'âme empiétaient sur le temps qu'il me fallait pour faire tout le travail de je qui était exigé de chaque prisonnier pour la journée, que j'avais été amené à aider s'arrangeaient pour terminer, en plus de leur propre travail, ce que je n'avais pu faire du mien.
Destination inattendue
Le 6 février 1943 je devais être amené, en train, de la prison de Sarreguemines, à celle de Metz, en passant par Sarrebourg.
Mais voilà qu'à Sarrebourg, le train prit la direction de
strasbourg, pour finalement s'arrêter à Saverne. C'est donc à la prison de Saverne que, ce soir-là, je fus conduit. On m'enferma dans une cellule où se trouvaient déjà plusieurs détenus.
Constatant qu'aucun d'eux n'était ouvert à la Parole de Dieu, je demandai au Seigneur de me montrer s'il ne se trouvait pas quelqu'un, dans cette prison, qui fût ouvert pour Sa Parole.
C'est alors que, tôt le lendemain matin, le Directeur de la prison fit irruption dans la cellule et m'appela à le suivre jusqu'à l'étage supérieur.
Il se dirigea vers l'une des nombreuses portes latérales, l'ouvrit, en fit sortir un prisonnier et m'y enferma à sa place.
Il y avait là encore deux hommes, et il se trouvait que je connaissais l'un d'eux, un chrétien.
«Je viens justement, me dit-il, de parler à l'autre prisonnier du salut en Jésus ! Seulement, il est catholique, et je ne savais pas bien comment lui expliquer ce qu'il doit faire maintenant pour se séparer de toutes les idolâtries catholiques, et pour recevoir la libération et le salut complet en Jésus. Je lui disais à l'instant combien je regrettais que le frère K. ne soit pas ici, que, par ses expériences il pourrait lui expliquer le chemin du salut ! Et voici qu'à peine quelques minutes plus tard, la porte de notre cellule s'ouvre, un prisonnier doit sortir et c'est précisément toi qui entres à sa place !»
C'est ainsi que j'ai pu, des heures durant, parler tranquillement à ce prisonnier, de telle sorte qu'il a finalement pu être libéré et trouver le salut et la foi dans son Sauveur.
J'avais compris pourquoi le Seigneur m'avait conduit par Saveme !
D'ailleurs, dans l'après-midi même, j'étais de nouveau transféré, mais cette fois-ci, de la prison de Saverne à la prison de Metz, qui était en fait ma réelle destination. C'est là que j'arrivai dans la soirée, toujours par le train.
Nouvelle œuvre préparée d'avance à Metz
Là, dans le hall d'entrée de la prison, se trouvaient déjà plusieurs personnes, qui avaient été prises dans des rafles par la Gestapo.
Je savais ce que les unes ou les autres allaient peut-être endurer comme tortures de la part de la Gestapo : j'avais eu maintes fois l'occasion, au cours de mes différentes incarcérations, d'entendre tel ou tel détenu me décrire les tourments qui lui avaient été infligés.
Un jour, par exemple, j'en ai rencontré un dans les couloirs de la prison de Metz. Il avait été maltraité pour avoir refusé de trahir une filière qui avait fait passer la frontière à des gens en fuite vers la France non occupée.
Chaque matin la Gestapo venait dans sa cellule pour essayer de lui arracher le nom des membres de la filière ; et, comme il refusait, il était systématiquement frappé, au moyen d'un martinet dont les lanières se terminaient par des crochets d'acier, qui déchiraient la peau.
Il fut ainsi fouetté pendant plus de dix jours, refusant toujours de trahir : «Vous pouvez me tuer, disait-il, je ne vous indiquerai jamais les noms».
Impressionnés par un tel courage les officiers de la Gestapo l'envoyèrent à la prison de Metz, où je me trouvais à ce moment-là.
C'est là, dans le couloir de la prison, qu'il m'a montré sa poitrine et son corps, dont la peau était entièrement lacérée.
Jamais, me suis-je dit alors, je n'aurais eu en moi-même le courage que cet homme a montré en face d'une souffrance corporelle aussi atroce.
A mon arrivée dans cette prison de Metz, je fus enfermé avec un autre prisonnier dans une cellule d'accueil au sous-sol. Mais, comme il n'y avait là qu'un seul lit de paille, déjà occupé par un jeune homme, et que moi-même, je préférais passer la nuit assis sur le tabouret, pour éviter le contact avec le ciment froid du sol, je donnai à l'autre prisonnier la couverture que le gardien m'avait remise. Ainsi, lui, avec ses deux couvertures, put dormir sur le sol dur, et moi, j'étais dans une meilleure position pour parler au jeune homme couché sur le lit de paille.
«Dieu, lui dis-je alors, m'a conduit aujourd'hui, à cette heure, dans cette cellule, pour vous faire connaître Sa volonté, et le chemin à suivre, à l'avenir.»
«Que dites-vous ?» s'exclame-t-il en sautant de son lit.
Je lui répétai les mêmes paroles.
«C'est étrange, s'étonna-t-il, c'est exactement ce que j'ai demandé à Dieu, il y a un mois. De retour au front après une permission, comme je ne retrouvais plus ma troupe qui avait été déplacée, et que je pensais la guerre bientôt finie, je me suis éclipsé puis caché.
Mais on m'a retrouvé et je fus condamné à mort. Je devais être conduit à Berlin pour y être fusillé. Alors j'ai crié à Dieu et je me suis humilié devant Lui ; je m'engageais, s'il me gardait en vie, à faire Sa volonté et à suivre le chemin qu'il me montrerait.
Et Dieu, en réponse à ma prière, est intervenu: la demande de grâce sollicitée par ma commune et par ma troupe fut acceptée, et ma condamnation à mort transformée en quinze ans de prison.
C'est comme cela que j'ai été amené, aujourd'hui, de la prison de Sarrebruck à celle de Metz, jusque dans cette cellule où vous venez de prononcer exactement les paroles que j'avais dites à Dieu dans ma prière».
Je pus alors m'entretenir longuement avec lui : je lui expliquai le chemin du salut, la nécessité de confesser à Dieu tous les péchés qu'il était conscient d'avoir commis depuis sa jeunesse, et en particulier les péchés d'idolâtrie, puis d'abandonner toute sa vie entre les mains du Seigneur, en étant disposé à faire Sa volonté en toutes choses.
Je lui conseillai de venir ainsi à Dieu, quand il serait seul dans sa cellule, et après la nuit de sommeil ; ainsi, il ne risquerait pas de s'imaginer avoir rêvé tout cela pendant la nuit.
Or, dès le lendemain matin on nous sépara dans deux cellules différentes.
Cependant, le jour suivant, à l'occasion de la promenade quotidienne dans la cour de la prison, voilà qu'il se trouvait placé juste derrière moi, si bien qu'à chaque tour de cour, au moment où nous nous trouvions du côté opposé au gardien, qui ne risquait plus alors de nous entendre, il pouvait me glisser quelques mots : «J'ai tout confessé»... «Le Seigneur m'a pardonné»... «J'ai maintenant la paix en Lui»... «Je veux maintenant Le suivre»... «Je veux faire Sa volonté»... «Je veux témoigner de Lui»...
Le surlendemain, ce fut mon tour d'être placé juste derrière lui ; et cette fois, c'est moi qui en profitais pour lui souffler, chaque fois que nous passions de l'autre côté de la cour, quelques mots qui puissent l'encourager dans la foi.
Je fus poussé, notamment, à lui assurer qu'il ne resterait pas quinze ans en prison, ce qui fut confirmé | lorsque, par la suite, au moment de l'occupation de la Rhénanie par les troupes alliées, les prisonniers politiques furent libérés et renvoyés chez eux. C'est ainsi que lui-même, dès ce moment-là, put rentrer chez lui, près de Sarrebruck.
«...//s vous livreront aux tribunaux,...» (Mt 10:17)
Quant à moi, je restai près d'un an dans la prison de Metz, du 18 février au 16 décembre 1943, car je devais comparaître devant le Tribunal du Peuple, afin d'être condamné à mort publiquement, en tant qu'«ennemi du peuple allemand». Ce procès public était préparé en vue d'effrayer la population d'Alsace et de Lorraine, afin de l'intimider, et de l'amener à être plus docile au régime hitlérien.
Mais le Procureur Général de Sarrebruck, qui fut chargé de conduire ce procès public, ne disposait, contre moi, d'aucune autre accusation que ma propre confession de foi et les réponses que j'avais données aux questions de la Gestapo, lors de mon interrogatoire de deux jours dans la prison de Sarrebourg ; aussi demeura-t-il longtemps dans l'indécision, cherchant à temporiser, en faisant régulièrement repousser pendant des mois la date du procès, si bien qu'il ne put avoir lieu, finalement, qu'en automne 1943, le 15 octobre à Metz, en présence d'un public venu d'Alsace et de Lorraine. Il avait été annoncé par les journaux des deux régions avec invitation à la population d'y assister.
«Quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parierez ni de ce que vous direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même» (Mat. 10:19).
Là encore, le Seigneur dirigea les choses à merveille, tout au long de ce procès au cours duquel je pus témoigner de Lui et de ce que ma vie Lui était consacrée. Ainsi, lorsque me fut posée, parmi tant d'autres, la question : «Vous, qui êtes inspecteur forestier, que feriez-vous si un braconnier venait vous attaquer ? Ne vous défendriez-vous pas ?», je pus répondre avec assurance : «Non, je me confie en Dieu: ou bien le coup de fusil ne pourra pas partir, ou quelque chose d'autre surviendra et neutralisera le braconnier».
Sous la protection du Très-Haut
Le médecin assermenté du Tribunal était médecin-chef de l'Asile psychiatrique de Lorquin.
Or, il se trouvait qu'il était en rapport avec un médecin de Sarrebourg, dont l'épouse fréquentait les réunions de l'assemblée locale, où j'avais moi-même été responsable d'assemblée et serviteur de Dieu. Il avait donc entendu Parler de moi comme responsable d'assemblée et serviteur de Dieu.
Pendant l'interruption de la séance, à midi, j'eus l'occasion de m'entretenir avec lui, et de lui témoigner de ma foi, si bien qu'au cours de la séance de l'après-midi, voici l'avis qu'il donna au tribunal : «L'accusé, pour éviter tout contact avec la population et toute influence sur elle, doit être simplement mis à l'écart par l'internement dans une maison de santé, comme celle que je dirige à Lorquin».
Là-dessus les jurés se retirèrent un certain temps pour délibérer, puis le tribunal prononça enfin le jugement : «L'accusé est acquitté et libéré, mais il sera placé sous surveillance dans une maison de santé».
Les membres de la Gestapo qui assistaient à cette séance, étaient furieux du verdict, mais ils ne pouvaient intervenir, car c'était un procès public et qui, de surcroît, se déroulait en présence des gens de la Lorraine et de l'Alsace.
Ce qui les rendait furieux, c'est que ce jugement me faisait échapper à leurs mains, et, du même coup, aux camps de concentration.
«Formez des projets, et ils seront anéantis; donnez des ordres, et ils seront sans effet; car Dieu est avec nous. » (Es. 8:10)
C'était une maison de santé à Frankenthal, en Rhénanie, qui avait été désignée par le tribunal, pour mon internement ; et je devais y être conduit dès le surlendemain. I
Pourtant, j'avais la conviction, selon une promesse que j'avais reçue du Seigneur, que je devais rester dans le pays.
Or, la nuit même qui précéda mon départ, la maison de santé de Frankenthal fut bombardée et détruite, et ordre fut aussitôt donné par téléphone, de ne pas me conduire en Rhénanie.
Un passager inattendu
Me voilà donc mené au train, le 16 décembre 1943, et enfourné dans un wagon spécial pour prisonniers, muni de cabines grillagées à deux places.
C'est alors qu'au départ de Metz, on pousse, au dernier moment, dans la cabine où je me trouve déjà avec un autre, un troisième prisonnier qui devait donc rester debout.
«C'est curieux, s'étonna-t-il, il y a huit jours, on me sortait de la prison où j'étais, on me mettait dans un train à destination d'Ensisheim, pour me transférer dans la maison d'arrêt qui s'y trouve, et, brusquement, au moment du départ, on me faisait redescendre puis réintégrer la cellule que je venais de quitter ; et voilà qu'aujourd'hui, on me ressort à nouveau de ma prison, on me ramène au train, on me conduit jusqu'à ce wagon, et, «in extremis», je suis poussé dans cette cabine !
- Certainement que Dieu a un plan pour vous, lui dis-je, s'il nous a mis tous deux en contact. Je suis convaincu que quelqu'un prie pour vous ! ajoutai-je.
- Oui, c'est vrai, reconnut-il, ma mère prie toujours pour moi, mais je lui ai causé beaucoup de soucis;... je ne voulais rien savoir de Jésus !...
Pendant mon service militaire, dans un moment de colère, j'ai frappé un supérieur. Cela m'a valu d'être condamné à trois ans de prison.
Et maintenant on me conduit à la maison d'arrêt d'Ensisheim dans le Haut-Rhin !...
-Vous voyez, pouvais-je alors lui assurer, c'est maintenant, que Dieu exauce les prières de votre mère, puisqu'aujourd'hui, au dernier moment avant le départ, II vous met justement dans ce wagon et dans cette cabine, où je vais pouvoir vous parler et vous conduire à Jésus, le Sauveur, qui a porté vos péchés à la croix».
Peu après, il confessait tous ses péchés, puis, rempli de joie, s'écria : «Maintenant, je vais écrire à ma mère, une fois que je serai à Ensisheim, et je vais lui dire que j'ai trouvé le Sauveur et qu'elle n'a plus besoin de se faire des soucis à cause de moi, pour ces trois ans que je dois passer en prison à Ensisheim».
Ensuite, à Sarrebourg, nous avons été séparés, car c'était pour moi le moment d'être dirigé sur l'asile psychiatrique de Lorquin.
Missions en asile psychiatrique
Là, je fus d'abord conduit jusqu'à un bâtiment fermé, où l'on me mit dans une grande salle commune, pleine de malades mentaux.
L'employé des chemins de fer
Cependant, dès le lendemain, je fus placé dans une petite pièce à deux lits qui donnait sur la salle commune, et où j'eus pour compagnon un fonctionnaire des chemins de fer. C'était un homme sujet à des crises de dépression et dont le comportement n'était quelquefois pas normal.
Or, les conversations que nous avons pu avoir, et ses réponses à certaines questions que je lui posai, révélèrent des liens d'occultisme dans sa vie.
Nous avons pu prier ensemble, et, Dieu étant intervenu en le libérant de ses liens, le médecin, qui passa le lendemain matin, fut tout étonné de voir le changement survenu chez cet homme, et me demanda alors de me promener avec lui dans le parc de l'asile. Quelques jours après, le médecin pouvait renvoyer chez lui, entièrement guéri, ce fonctionnaire des chemins de fer.
«Celui qui se confie en l'Eternel est environné de Sa grâce...» (Ps. 32:10)
Après le départ de mon compagnon de chambre, je demandai au médecin s'il n'était pas possible que je sois plutôt logé dans un bâtiment ouvert, parmi ceux qui étaient agencés de façon similaire, avec la même petite chambre à deux lits, la seule de tout le bâtiment, contiguë à la salle commune.
Quelques jours plus tard, le médecin me transféra dans une chambre équivalente d'un bâtiment ouvert, tout en me faisant promettre, pour éviter que j'aie le moindre contact avec la population, de ne sortir à aucun moment du terrain de l'asile.
C'est ainsi que ma femme et mes deux plus jeunes enfants purent venir me voir de temps en temps.
Un ancien collaborateur d'Hitler trouve la paix
Maintenant que je me retrouvais de nouveau dans une chambre à deux lits, je demandai à Dieu de tout diriger pour que, seules, des personnes qu'il avait résolu de sauver, soient mises avec moi.
Mais, quelle ne fut pas ma surprise, quand j'appris que la première personne avec qui j'allais partager la chambre, était un des premiers collaborateurs d’Hitler, le chef du parti hitlérien dans la Sarre !
Je découvris cependant un homme sincère.
Il avait été marié à une fille de pasteur et avait fait, dès le début, de la propagande pour Hitler et pour son parti, le national-socialisme.
Il fut alors l'objet de calomnies et fit de mauvaises expériences de la part des pasteurs.
Puis, quand Hitler parvint au pouvoir, il fut aussitôt appelé à la direction du parti national-socialiste dans la Sarre, où l'on a pu alors entendre ses grands discours en faveur d'Hitler.
Mais un soir, tandis qu'il rentrait, fatigué, d'une réunion, sa voiture heurta un arbre, et le choc qu'il reçut alors au front, provoqua un traumatisme tel qu'il lui arrivait de ne plus savoir ni ce qu'il disait, ni ce qu'il faisait.
C'est à la suite de ces circonstances qu'après examen médical, il avait été envoyé à l'asile de Lorquin et, finalement, logé dans ma chambre.
J'eus tout loisir, alors, de lui donner mon témoignage ; et je lui expliquai que, si Dieu avait permis cet accident, c'était certainement pour le libérer de la politique et lui montrer le chemin du salut en Jésus-Christ. Puis je lui donnai le Nouveau Testament à lire.
Au bout de quelques jours, il me confia qu'à la lecture de l'Evangile de Jean son cœur avait changé : il était dans la paix.
Peu après, un examen médical qu'il dut passer à Strasbourg révéla la présence d'une poche d'eau à l'arrière de sa tête. Mais une opération s'avérait dangereuse pour lui. Aussi, sur le conseil que je lui donnai alors, il se retira de toute activité politique et resta chez lui, se limitant aux menus travaux de la maison et du jardin.
Départ mouvementé
Lors de l'avance des troupes alliées en Lorraine, en 1944, les troupes allemandes durent se retirer de la région de Sarrebourg, ainsi que tout le personnel allemand qui était dans l'administration, et, parmi eux, le médecin-chef de l'asile de Lorquin.
Or, comme c'était à lui seul, en sa qualité de chef de l'asile, que j'avais fait la promesse de ne pas quitter le terrain de l'asile, je me considérais dès lors libre de mon engagement et, par conséquent, libre de partir.
C'est bien ce que je ne tardai pas à faire : un frère de Sarrebourg m'amena une bicyclette, et, le 2 septembre, je traversai les Vosges, roulant vers l'Alsace.
Mais comme entre temps les troupes allemandes avaient repris le terrain - y compris, d'ailleurs, l'asile de Lorquin ! -je dus rester caché plus de deux mois, à Sélestat, chez mon beau-frère, médecin.
C'est alors que l'armée allemande en repli se mit è réquisitionné des chambres pour y loger des officiers. Et le jour arriva où ils vinrent visiter la maison de mon beau-frère Pour voir s'il y avait des chambres libres.
Seulement, les choses se passèrent de telle manière, que ma belle-sœur n'eut pas le temps de me prévenir ! Mais, en entendant les voix, je n'eus aucune peine à comprendre qu'il ne s'agissait pas de clients venus pour une consultation !
J'entendis ma belle-sœur faire le tour du rez-de-chaussée avec eux, puis monter au premier étage, et commencer par la chambre opposée à la mienne.
Comme les chambres, en plus d'une porte donnant sur le corridor, avaient entre elles des portes communicantes, je pus me glisser d'une chambre à l'autre, ouvrant et fermant les portes en même temps qu'eux, pour ne pas éveiller leur attention; et ainsi, pendant qu'ils faisaient le tour des chambres, je me trouvais derrière eux.
Vint enfin le tour de la dernière chambre, celle où je logeais.
Ma belle-sœur leur expliqua que c'était la chambre d'une de ses amies de Strasbourg, dont le logement avait été bombardé : elle était retournée à Strasbourg pour régler des affaires, et devait revenir incessamment.
Pointant alors son doigt vers mon pardessus qui était suspendu derrière la porte, un des deux officiers demanda : «Pourquoi ce pardessus est-il suspendu là ?»
Ma belle-sœur pria en silence, lançant un SOS vers Dieu : «Si je dis la vérité, ils vont immédiatement arrêter mon beau-frère et l'emmener, puisqu'il est recherché par la Gestapo ; d'un autre côté, je ne peux pas mentir !... Que leur répondre ?»
Et Dieu lui inspira ce qu'elle devait dire : «...parce qu'on l'a suspendu là !» répondit-elle le plus calmement du monde. Alors l'officier, sans autres questions, repartit avec son collègue.
De retour à la maison -Un temps favorable pour la prière
Lors de l'avance des troupes alliées en Alsace, vers la fin novembre, je me rendis à bicyclette à Colmar, et rentrai chez moi, où je retrouvai mon épouse et deux enfants.
Cependant, comme la ville était encore occupée par les troupes allemandes, je dus rester caché dans ma propre maison où logeaient, à ce moment-là, un officier de l'armée allemande et son ordonnance, occupant les chambres qu'ils avaient réquisitionnées.
La sauvegarde de Colmar
A la maison je n'avais plus autre chose à faire que prier du matin au soir, et combattre le combat de la foi contre toutes les puissances qui voulaient à tout prix provoquer la destruction de la ville de Colmar.
Déjà, les troupes alliées avaient commencé à effectuer quelques tirs, mais ils durent bientôt cesser, et ceci en réponse à la prière.
En effet, c'est à ce moment-là que Dieu venait de révéler a un frère le plan du chef de l'Etat-Major américain, Eisenhower, de détruire la ville, en vue défrayer aux troupes un chemin vers le Rhin, et de leur épargner ainsi des pertes.
Cependant, l'Etat-Major français du Général de Lattre de Tassigny voulait par contre à tout prix épargner Colmar, à cause d'officiers de l'Etat-Major qui avaient de la parenté dans la ville.
Sachant cela, nous avons alors prié avec instance pendant quatre jours, afin que le plan de Tassigny son accepté par l'Etat-Major d'Eisenhower.
Le cinquième jour, le Seigneur donna à un frère l'assurance que nos prières étaient exaucées et que le plan de Tassigny pour contourner la ville était accepté.
Et c'est en effet ce que nous pouvions bientôt constater, lors de l'avance des troupes françaises : les combats tournaient bien autour de la ville, par Jebsheim, Muntzenheim, etc...
Or, par la suite, quand fut venu le jour de la libération de Colmar, un officier de l'Etat-Major du Général de Lattre de Tassigny, dont le père habitait juste en face de chez nous, s'arrêta à notre porte et nous confia alors : «C'était dur pour Colmar ! Notre Etat-Major a lutté pendant quatre jours avec l'Etat-Major américain pour faire accepter notre plan qui était d'épargner et de contourner la ville de Colmar dans les combats ; c'est seulement le cinquième jour que notre plan a enfin été accepté».
Je pus alors lui dire ce qui s'était passé : le Seigneur nous avait révélé ce plan, et c'était précisément le cinquième jour qu'il nous avait donné la confirmation que nos prières étaient exaucées et que les combats tourneraient autour de la ville.
«Vous avez donc été les instruments que Dieu a utilisés pour réaliser Son plan ! », pouvais-je alors affirmer à cet officier évidemment très étonné d'apprendre comment Dieu avait dirigé tout cela.
Sauvegarde du quartier de la Gare à Colmar
Lorsque les combats et les tirs d'artillerie atteignirent Colmar, le Seigneur montra là encore Sa puissance et Sa fidélité, et nous avons pu voir comment, répondant aux prières, II a fait taire une batterie de canons de longue portée, qui avait été placée derrière Zellenberg.
Un jour, cette batterie avait commencé à tirer en direction de la gare de Colmar, et, plus précisément sur un pont situé juste derrière.
Or, une fois par jour, un train en provenance de Fribourg s'arrêtait à proximité de ce pont, à trois cents ou quatre cents mètres environ de notre maison.
Nous avons alors prié le Seigneur d'arrêter le tir de la batterie, en empêchant les obus d'exploser.
Comme j'avais été officier d'artillerie pendant la première guerre mondiale, je savais ce que cela pouvait signifier comme intervention de Dieu. Toutes les cinq minutes environ, nous parvenait le bruit d'un tir d'obus, puis celui de son impact, lorsque, touchant le sol, il s'enfonçait dans la terre. Notre maison était secouée par le choc, mais les obus avaient cessé d'exploser.
Aussi pouvions-nous constater ce phénomène étonnant: chaque fois que la batterie tirait sur un autre pont, qui se trouvait hors de l'agglomération, les obus explosaient, et chaque fois qu'elle atteignait le pont, derrière la gare, les obus n'explosaient pas.
Le lendemain la batterie avait cessé de tirer.
Plus tard, après la libération, un jour qu'un inspecteur Général des Eaux et Forêts était venu me voir, je lui racontai cette expérience, mais, sur le moment, il n'eut pas l'air de me croire.
Pourtant, deux ou trois mois plus tard, lors d'une nouvelle rencontre, il me confia qu'entre-temps il avait vu à Paris, un neveu, lieutenant, qui se trouvait justement avoir été le chef de la batterie dont les canons avaient tiré sur la gare de Colmar - chose qu'il avait ignorée jusque là - !
Et, ce neveu lui avait raconté l'expérience étrange qu'il avait faite précisément, lorsqu'il avait reçu l'ordre de tirer sur le train, en arrière de la gare de Colmar: un beau jour, les obus lancés contre le pont de la gare avaient cessé d'exploser. Et, chose étrange, on eut beau vérifier le bon état des obus, chaque fois que les canons visaient l'autre pont, situé en dehors de la ville, les obus explosaient; et quand, à nouveau, ils tiraient sur le pont, derrière la gare, plus d'explosion !
Devant un phénomène aussi inexplicable, le neveu du général forestier, perplexe, avait déclaré : «Ce n'est plus normal ! C'est une intervention supérieure, surnaturelle ; je refuse de continuer à tirer sur la gare de Colmar !». Aussi fut-il particulièrement reconnaissant d'apprendre, par son oncle, qu'il ne s'était donc pas trompé en pensant qu'une puissance supérieure, céleste, était intervenue, puisqu'on effet des prières précises en vue de neutraliser les obus étaient montées vers Dieu, Qui en avait empêché l'explosion.
Echec des plans d'Himmler pour Colmar
Environ deux mois avant la libération de Colmar, Himmler était venu avec deux divisions SS et avait tenu un discours sur la place Rapp, proclamant que Colmar, comme pilier sud du front de l'Ouest, serait défendu, comme la ville d'Aachen, jusqu'à la dernière pierre.
Après avoir entendu ce discours, nous avons prié, demandant au Seigneur d'éloigner de la ville les deux divisions allemandes.
Deux jours plus tard, à la nouvelle de l'avance des troupes russes sur le front Est, les deux divisions SS reçurent l'ordre de s'y rendre et durent ainsi quitter en hâte la région de Colmar !
Colmar préservée des bombardements...
Au début de la guerre plusieurs personnes chrétiennes de Colmar disaient avoir rêvé que la ville serait bombardée et qu'il y aurait des combats de tanks dans les rues.
Ceci nous a poussés à prier continuellement, comme je le faisais déjà aussi pendant la période où j'étais en prison, afin que le Seigneur préserve la ville des bombardements et des combats de rue.
Un jour, l'aviation anglaise jeta des tracts afin d'avertir la population de quitter un quartier : on allait y bombarder une usine où étaient fabriqués des moteurs destinés à l'aviation allemande. Mais là encore, Dieu a exaucé les prières et a gardé la ville : le bombardement qui avait été annoncé n'eut jamais lieu.
...gardée des combats destructeurs
Quant aux combats de rues, à la fin de la guerre, la ville en fut épargnée.
Les troupes allemandes avaient barricadé avec précaution toutes les entrées des rues venant de l'extérieur, soit par des murs, soit par des barrières de fils de fer barbelés, pour empêcher l'entrée des troupes alliées, et pouvoir ainsi défendre la ville jusqu'au bout. C'est pourquoi l'armée amé ricaine avait décidé de préparer la prise de la ville par des tirs d'artillerie.
Mais voilà que la nuit qui précéda le bombardement prévu, une patrouille française, et, à sa suite, d'autres soldats alliés, réussirent à trouver des passages par où ils purent se faufiler jusqu'à l'intérieur de la ville. Ils avertirent alors aussitôt leur État-major de ne pas bombarder la ville, puisqu'ils avaient pu y pénétrer !
S'apercevant que les troupes alliées étaient déjà dans la place, les soldats allemands vidèrent les lieux en hâte ; et, en définitive, la prise de Colmar, le 2 février 1945, ne fut marquée que par le bruit de quelques coups de fusils et la mort d'un seul soldat.
Le mystère du pont de Remagen
Empêcher, par la prière, la destruction des camps de déportés.
En automne 1944 nous avions compris que Himmler, le chef de la Gestapo, donnerait l'ordre de détruire tous les camps de déportés en Allemagne à l'approche des troupes alliées, afin que l'on ne puisse plus trouver aucune trace des atrocités commises dans ces camps par les membres de la SS et de la Gestapo. Il était donc capital que nous persévérions chaque jour dans la prière, pour que tous les camps d'internement, en Allemagne, soient préservés de cette destruction et que les troupes alliées puissent avancer très rapidement, de telle sorte que les chefs des camps n'aient plus le temps d'exécuter l'ordre de Himmler.
Ne pas attendre !
Ainsi, tandis que, chaque jour, nous suivions attentivement les événements et l'avance des troupes alliées vers le Rhin, le Seigneur nous donna la conviction de prier tout particulièrement pour le Général Eisenhower, le chef des armées alliées, afin qu'il ne se laisse ni arrêter ni freiner dans l'avance rapide de ses troupes, d'abord pendant leur progression vers le Rhin, et ensuite, au-delà du fleuve, sur le territoire Allemand.
Alors, au moment où les troupes alliées s'en approchaient, Dieu nous poussa à prier instamment et de façon spécifique pour le passage du Rhin : «Seigneur, aie pitié de tous ces gens internés dans ces camps ; fraye aux troupes alliées un chemin sur le Rhin, afin qu'elles puissent, sans s'arrêter, passer de l'autre côté, puis continuer leur avance rapide, et que les chefs des camps de concentration n'aient le temps de rien détruire».
Ce n'est que plus tard que nous avons compris combien il avait été important de prier d'une manière aussi spécifique. Il s'avéra en effet, que le Général Eisenhower, qui voulait prendre le temps de préparer les troupes en vue de l'avance au-delà du Rhin, mais aussi dans l'intention de le franchir sur toute la ligne, avait donné à toutes les armées alliées l'ordre de s'arrêter avant d'entreprendre la traversée.
Il est certain que ce temps d'arrêt des forces de libération aurait laissé aux chefs des camps de concentration un délai suffisant pour leur permettre de tout détruire et d'effacer les traces de leurs cruautés.
Aussi, combien grande fut notre joie, en apprenant bientôt par quel concours de circonstances les troupes alliées durent, en dépit des intentions premières de leur chef, se hâter de franchir le Rhin.
L’intervention de Dieu
Cela se passa le 7 mars 1945, lorsque deux divisions américaines, envoyées en avant pour former une tête de pont au-delà du fleuve, franchirent le pont de Remagen ; car, à ce moment-là, ils furent surpris par la contre-attaque de trois divisions allemandes dont l'artillerie visait à détruire le pont. Risquant ainsi d'être entièrement isolés, ils / se trouvaient gravement exposés, de telle sorte que le Général Eisenhower fut alors contraint de faire franchir le Rhin à une partie des troupes, qui passèrent au sud et au nord du pont, dans le but d'encercler les trois divisions ennemies. Mais les Allemands reculèrent alors avec une telle rapidité, devant ce danger d'encerclement, que l'armée des alliés, n'ayant plus aucune raison de temporiser, passa le Rhin, et, trois jours plus tard, était déjà dans la région de Weimar, c'est à dire à une vingtaine de kilomètres seulement au nord du camp de Buchenwald, où notre fils Jean-Paul était interné depuis le début de l'année 1943.
Alors, par émetteur clandestin, les internés purent avertir les troupes alliées de l'urgence de passer par Buchenwald, avant même de gagner Weimar.
Sauvegarde du camp de Buchenwald
C'est ainsi que les tanks alliés montèrent directement jusqu'au camp, par un versant de la montagne, et le libérèrent. Et ce fut donc juste à temps que, redescendant par l'autre versant en direction de Weimar, ils interceptèrent le char lance-flammes allemand qui était précisément en route pour détruire le camp !
Voilà comment Dieu était intervenu pour empêcher cette destruction !
Les «camps de la mort»
II faudrait un livre pour énumérer toutes les cruautés et es souffrances que Jean-Paul a vues de ses yeux pendant son internement au Struthof et à Buchenwald.
D'ailleurs, au camp du Struthof, une brochure vendue aux visiteurs fait état de toutes les cruautés commises dans les camps de concentration.
Au moment où les troupes alliées occupèrent le camp de Buchenwald, environ trente mille internés ayant déjà été évacués au cours des jours précédents, il en restait encore à peu près vingt deux mille, sans compter plusieurs centaines de morts amoncelés en un tas, parce qu'il n'avait plus été possible de les incinérer dans les fours crématoires.
Quelques jours après, on fit venir de Weimar une personne par foyer, afin de faire constater aux habitants l'état dans lequel se trouvaient les concentrationnaires car la population allemande elle-même ignorait souvent l'existence de ces camps, et surtout le traitement infligé aux internés !
Nous avons appris par quels nombreux miracles le Seigneur avait gardé Jean-Paul en vie, alors qu'on voulait l'éliminer, et comment II avait envoyé Son ange pour le mettre de côté et le cacher dans le camp.
Il n'y eut pas que Buchenwald à n'avoir pu être détruit comme l'avait exigé Himmler ; tous les autres camps de concentration, avec les internés qui s'y trouvaient encore, furent aussi sauvés.
En lisant ces récits et ces témoignages, on pourra peut-être se demander s'il n'y a pas beaucoup d'imagination ou d'illusions dans tout cela. Mais Dieu, dans Sa grâce, a toujours confirmé, d'une manière ou d'une autre, Son intervention dans l'exaucement des prières, et souvent par les personnes même dont II s'est servi pour y accomplir Ses miracles.
L'histoire du Pont de Remagen est demeuré un mystère, malgré les recherches qui furent faites après la guerre à l'initiative des armées alliées et allemandes. Le journal «Match» a même publié un article spécial sur le «mystère du Pont de Remagen», confirmant qu'en dépit de toutes les recherches entreprises il n'avait pu être élucidé.
Le 6 mars 1978, le Journal de Belfort, L'Est Républicain, publiait un article intitulé : «Le pont de Remagen vendu pierre par pierre», et dans lequel on pouvait lire ceci : «...l'histoire du passage du Rhin au «pont de Remagen» a fait l'objet d'une superproduction cinématographique. Il a donné matière à des ouvrages historiques, mais continue d'être entouré de mystère. Personne n'a pu, jusqu'à présent, expliquer comment cet ouvrage d'art a pu tomber intact aux mains des forces américaines alors qu'il était gardé par un groupe de 36 sapeurs».
Or, que ce fut Dieu Lui-même qui était intervenu pour garder le pont de la destruction, voici par quelles circonstances II prit soin de le confirmer.
Quelques années après la guerre, alors que la ville de Nuremberg, qui avait été détruite par les bombardements, se trouvait à nouveau rebâtie, je tenais, avec un frère, des réunions, dans une salle publique nouvellement construite.
Après les réunions nous avions des entretiens d'aide spirituelle dans une pièce voisine.
Un jour, un homme vint, demandant un entretien : j| désirait recevoir la même paix profonde que celle qu'il voyait et ressentait en moi.
Comme je lui posais alors quelques questions, et notamment où il s'était trouvé dans les derniers temps de la guerre, il me répondit qu'à la fin, il avait été dans la région du Rhin.
«A quel endroit ? «, lui demandai-je.
- Près du pont de Remagen !
- Que faisiez-vous donc à cet endroit ?
- J'avais été chargé, avec un groupe de sapeurs, de surveiller le pont, au moment du passage des dernières troupes allemandes, puis, à l'approche des chars d'assaut américains, je devais le faire sauter, en pressant sur le bouton du détonateur qui avait été mis en place pour cela.
Les officiers avaient tous pris la fuite. Quelque temps après, je vis de loin des chars américains s'avancer vers le pont. Je voulus aussitôt le faire sauter ; mais, c'est alors qu'une voix tout à coup m'interpelle : «Gib die Brücke frei ! » («Laisse le pont libre !»). Me tournant vers mes hommes : «Qui m'a parlé ?», demandai-je. Personne n'avait dit mot !
Une nouvelle fois, je m'apprêtais à faire sauter le pont. Mais à nouveau la même voix, plus forte encore: «Laisse le pont libre !...»
«Qui a parlé ?», demandai-je à nouveau. Aucun de mes soldats n'avait parlé I Et, comme entre-temps Les chars d'assaut américains étaient arrivés à proximité du pont, je me disposai de nouveau à actionner le détonateur, résolu à ne plus écouter cette voix. Mais elle se fit alors entendre encore plus fort : «Laisse le pont libre ! Rends-toi avec tes hommes !...»
Incapable d'aller jusqu'au bout de mon geste, j'ai alors brandi un drapeau blanc de fortune et me suis rendu avec mes hommes.
Par la suite, nous avons été emmenés dans un camp de prisonniers en Angleterre. Mais cette voix, entendue au pont de Remagen, n'a cessé ensuite de me poursuivre et ne m'a pas laissé de repos, jusqu'au jour où, lors d'une évangélisation qui fut organisée dans ce même camp de prisonniers, j'acceptai Jésus comme mon Sauveur et reçus le pardon de tous mes péchés ainsi que la joie du salut.
Pourtant, je ne connais pas encore de vraie paix: par suite de mon acte de désobéissance, puisque je n'avais pu me résoudre à faire sauter le pont de Remagen, laissant ainsi la possibilité aux troupes alliées de passer le Rhin, les quatre officiers supérieurs, jusqu'au Colonel, ont été fusillés, le lendemain, sur l'ordre d’Hitler. Je suis donc responsable et coupable de leur mort, et c'est cela qui sans cesse m'accuse et m'empêche d'avoir la paix.»
Alors je pus lui montrer, par la grâce de Dieu, que c'était justement pour cela que le Seigneur l'avait conduit de l'Allemagne du Nord à Nuremberg, à la faveur d'un congé de quinze jours, puis dans cette salle de réunion, et enfin dans cette pièce où nous pouvions avoir ensemble cet entretien, afin que je puisse lui expliquer les plans de Dieu à son égard.
se trouvait à nouveau rebâtie, je tenais, avec un frère, des réunions, dans une salle publique nouvellement construite.
Après les réunions nous avions des entretiens d'aide spirituelle dans une pièce voisine.
Un jour, un homme vint, demandant un entretien : j| désirait recevoir la même paix profonde que celle qu'il voyait et ressentait en moi.
Je lui ai parlé de ces terribles camps de concentration dans lesquels mon fils lui-même avait été enfermé, et je lui ai expliqué comment Himmler avait décidé, à l'approche des troupes alliées, de détruire tous ces camps avec les détenus qui y étaient encore enfermés, afin de ne pas en laisser de traces.
«Puis, je lui racontais comme le Général Eisenhower avait donné à toutes les troupes l'ordre de s'arrêter au Rhin, Dieu nous mit à cœur de prier avec instance pour Lui demander de libérer un passage sur le Rhin, afin de permettre aux troupes alliées d'avancer sans retard, et de pouvoir alors arriver à temps pour libérer les camps de concentration, avant qu'ils ne soient détruits.»
C'est ainsi que je pus lui montrer comment Dieu s'était servi de lui pour permettre le passage rapide de l'armée alliée sur le pont de Remagen qu'il aurait dû détruire : en obéissant à la voix de Dieu, qui s'était fait entendre à lui toujours plus fortement, il avait pu être un instrument entre Ses mains, pour sauver la vie de centaines de milliers d'internés.
Quant aux officiers supérieurs, ils n'avaient fait que recevoir la punition qui était la leur, pour s'être enfuis au lieu d'obéir et de veiller à l'exécution de l'ordre qu'ils avaient reçu, de faire détruire le pont.
Lui au contraire, Dieu l'avait amené, dans Sa grâce, à obéir à Sa voix; celle-ci l'avait même suivi jusqu'au camp de prisonniers, afin qu'il puisse y trouver le salut; puis le Seigneur l'avait encore amené de Hambourg à Nuremberg, jusque dans cette pièce où nous nous trouvions, pour y recevoir enfin la réponse de Dieu et la paix profonde qui lui manquait encore.
On peut s’imaginer la joie dont le cœur de ce frère fut alors rempli, lorsqu’il apprit que par son obéissance à la voix de Dieu, il avait été le moyen par lequel des centaines de milliers d’internés (approx. 500 000, dont 43 385 Français), qui se trouvaient encore dans les camps de concentration, avaient pu être sauvés.
Ainsi s’en retourna-t-il, le cœur plein de paix et de la joie du Seigneur.
Comme les desseins de Dieu, même lorsqu’ils restent cachés aux yeux du monde, sont merveilleux, quand les hommes obéissent à Sa voix !
EXPERIENCES DE LA SOUVERAINETE DE DIEU DANS LES ANNEES DE PAIX
Jésus, Maître de la tempête
De même que pour les disciples, lorsqu'il dut leur reprocher leur peu de foi face à la grande tempête qui s'était élevée sur la mer (Mat. 8 : 23-27 - «Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ?» -). Jésus peut, nous aussi, nous mettre à l'épreuve quand nous sommes placés devant de telles extrémités.
Tandis que, dans les années 1957-59, notre fille travaillait comme membre de la Faith Mission, participant à des réunions d'évangélisation en Irlande du Nord, dans la région de Belfast, nous avions fait le projet, en le soumettant à la volonté de Dieu, de lui rendre visite. Nous devions prendre l'avion de Baie à Londres, puis de Londres à Belfast.
A l'occasion d'une rencontre avec des frères, dans le Midi, nous avons porté ce projet de voyage, dans la prière, devant le Seigneur, afin qu'il prépare et bénisse cette rencontre en Irlande du Nord. Or, au cours de ce moment de prière, II avertit l'un des frères présents que l'avion prévu pour nous mener à Belfast, et dans lequel nous avions déjà réservé les places, allait au devant d'un double péril: le Seigneur révéla d'une part un pilote encore peu expérimenté, et en proie aux assauts d'un démon qui, placé derrière lui, le harcelait de flèches, et d'autre part, un orage accompagné d'un vent d'une grande violence sévissant sur l'Irlande du Nord.
Humainement parlant, on aurait pu recevoir cette révélation comme un avertissement du Seigneur de ne pas prendre cet avion, et de reporter le voyage au lendemain .
Mais nous avons alors pensé à cet exemple évoqué plus haut, où Jésus était monté un jour dans une barque avec Ses disciples. Un grand tourbillon s'était abattu sur le lac. Et, tandis que la barque se remplissait d'eau, les disciples, dans la crainte de périr, réveillèrent le Maître. Alors, après avoir menacé le vent et les flots, le Seigneur dut reprocher à Ses disciples leur peur et leur manque de foi (Mat. 8 : 23-27 ; Luc 8 : 22-25).
Ayant compris, à la lumière de ce passage de la Parole, que le Seigneur nous donnait cet avertissement pour nous amener à prier, afin qu'il manifeste Son autorité sur la tempête et qu'il garde le pilote du danger auquel il était exposé par Satan, nous avons donc prié ensemble, en remerciant le Seigneur pour Sa victoire sur l'ennemi et sur la tempête.
Vint le jour du voyage, et nous nous sommes envolés. C'est alors que, dès le départ pour la deuxième phase du vol, après le changement d'avion à Londres, je me rendis compte que, comme le Seigneur nous en avait avertis, le pilote n'avait pas son avion bien en main.
Puis, tandis que nous nous approchions de Belfast, l'orage, à son tour, nous apparut en contrebas, décochant ses éclairs au-dessous de nous; mais il s'arrêta dès que nous eûmes prié.
Cependant, lors de la descente, au moment où l'avion devait atteindre la piste de l'aéroport de Belfast, je vis, du hublot, à ma droite, que sous la pression des rafales de vent qui soufflaient à l'ouest, il était descendu trop à droite de la piste. Il remonta alors et fit un tour au-dessus de l'aéroport, pour tenter de redescendre plus à gauche sur la piste.
Pourtant je vis qu'en redescendant il n'avait pas encore pris assez à gauche contre le vent. Et en effet, il fit son atterrissage, une roue sur la piste et l'autre dans l'herbe trempée par la pluie. Alors, tandis que la terre était projetée en l'air par la roue droite, l'avion parvint quand même à s'arrêter, le nez enfoncé dans le sol et la queue en l'air !
Mais le Seigneur avait Sa main sur tous les passagers : ils restèrent dans le calme, malgré l'avalanche des objets qui tombaient des filets à bagages. Personne ne fut même blessé. Seules les valises, dans la soute à l'arrière de l'avion, étaient endommagées; elles étaient pour la plupart enfoncées.
Ainsi, tous les passagers, indemnes, purent sortir de l'avion par la porte arrière, et descendre en glissant sur une toile, les uns après les autres.
Deux heures après, le journal de Belfast publiait un article sur l'événement, faisant état du miracle, non seulement qu'aucun passager n'ait été blessé, mais que tous se trouvaient dans un calme étonnant.
C'était donc bien le Seigneur qui nous avait conduits à ne pas changer d'avion, mais à prendre celui dans lequel nous avions réservé nos places, puis, en nous fondant sur l'avertissement qu'il nous avait adressé, à prier pour le pilote \et pour tous les passagers que l'atterrissage allait mettre en danger de mort.
Un exaucement de prière et ses suites
«...j'envoie mon ange devant toi, ... pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé.» (Ex. 23 : 20)
Le déroulement des événements qui suit, et que Dieu a dirigé pour l'accomplissement des plans qu'il avait en vue, a son origine avant la guerre, en 1938, un jour où, après avoir laissé les enfants chez des amis dans le Jura bernois, nous étions partis pour des vacances en Suisse, dans un endroit de la vallée du Rhône, du nom de Saas-Fee, situé vis à vis des glaciers, à 1760 mètres d'altitude
Comme il n'y avait pas encore de route jusqu'à Saas-Fee, il nous fallut laisser la voiture quelques kilomètres plus bas, dans un champ où beaucoup de voitures étaient déjà stationnées, sous la surveillance d'un gardien.
Mais voilà que, quelque temps plus tard, au terme de notre séjour, lorsque je voulus reprendre ma voiture qui était encore toute récente, je dus constater que le disque d'embrayage avait été endommagé; cela s'était produit au moment où le gardien avait déplacé ma voiture pour la mettre sur un autre terrain, plus haut.
Je parvins cependant à descendre en roue libre jusqu'au garage le plus proche, à Viège, dans la vallée. Là, le garagiste, constatant que le disque d'embrayage était complètement détérioré, m'annonça qu'il faudrait au moins trois jours pour effectuer la réparation: on devait faire venir un nouveau disque, de Genève ou de Lyon, car il n'en avait pas encore à disposition, la voiture étant d'un modèle trop récent. Il me déclara du même coup, qu'avec un disque dans un tel état, il serait impossible d'utiliser la voiture.
Or, je devais me rendre sans délai à Wald près du lac de Zurich, dans une maison de repos où une série de réunions de réveil était prévue pour les trois prochains jours.
Force me fut alors de téléphoner à Wald, et de prévenir que je ne pourrais peut-être pas m'y rendre, à moins que Dieu ne fasse un miracle !
Alors, sortant de la cabine téléphonique, je priai le Seigneur d'intervenir pour permettre que ces réunions aient lieu.
Puis, j'essayai à nouveau la voiture: malgré des grincements en première et seconde, elle roulait.
Nous sommes donc partis, parvenant même à remonter la vallée du Rhône, il nous fut possible de gagner Oberwald, et y dormir. Cependant, le lendemain matin, il nous fallait passer le col de la Furka, c'est à dire monter jusqu'à 2430 mètres d'altitude, toujours avec les difficultés de changement de vitesse.
Finalement, nous sommes arrivés à Wald à dix heures précises du matin, juste à l'heure pour la réunion !
Or, au cours de ces trois jours de réunions, le Seigneur, dans Sa grâce, manifesta puissamment Son action dans les cœurs, pour le salut, la sanctification et la guérison, en suscitant la confession des péchés.
C'est alors que nous avons compris pourquoi Satan voulait nous empêcher par tous les moyens d'arriver à temps pour cette série de réunions.
Puis, toujours avec notre disque d'embrayage détérioré, nous avons pu rentrer à Colmar, en passant même par le Jura pour y rechercher nos enfants.
Aussi peut-on comprendre l'exclamation du garagiste quand il eut vérifié la voiture : «Si je n'avais pas vu de mes propres yeux, s'écria-t-il, comment vous êtes arrivés ici moi, un mécanicien, je n'aurais jamais pu croire que vous ayez réussi à rouler avec un disque en pareil état !»
Là encore, Dieu, par l'étonnement de ce mécanicien et, avant cela, par les déclarations du garagiste de Viège confirmait le miracle qu'il venait d'accomplir, et nous révélait à nouveau que tout est possible à Dieu, ainsi qu'à celui qui croit à Sa Toute-puissance.
Mais ce miracle eut encore d'autres suites merveilleuses que l'ennemi avait voulu empêcher !
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Marty Walder
II se trouva qu'une certaine Mademoiselle Marty Walder, employée de bureau à la Verrerie de Bùlach, assistait à ces réunions à Wald.
Elle y était venue avec une foule de questions qu'elle avait notées sur une feuille dans l'intention de me les poser.
Or, dès la première réunion le Seigneur me conduisit d'une manière telle, dans le message, que chacune des questions qu'elle avait préparées avait sa réponse, et dans l'ordre même où elles les avait écrites !
Aussi, dès la fin de la réunion, elle vint vers moi et me tendit sa feuille en s'exclamant : «J'avais préparé des questions, mais j'ai déjà eu les réponses !»
Peu après, je fus amené, sur sa demande, à faire des réunions chez elle, à Glattfelden.
Ces réunions furent ensuite interrompues par la guerre, mais Marty Walder, elle, voulait à tout prix continuer son cheminement avec le Seigneur. Aussi, grâce à l'intervention d'un neveu, à ce moment-là procureur général, elle put obtenir une autorisation spéciale pour passer en France, derrière le front, et venir nous voir pendant huit jours à Guebwiller, où je me trouvais alors.
La pension pour personnes âgées d'Oberglatt
La guerre une fois passée, les réunions reprirent dans son appartement ; et, comme l'auditoire s'élargissait de plus i en plus, il devint nécessaire de trouver une salle plus grande. Comme il ne fallait pas compter en trouver une dans la région, il fut d'abord envisagé d'en construire une, soit à Niederglatt, soit à Oberglatt, et d'y prévoir l'adjonction de chambres, en vue d'y installer une pension pour personnes âgées, dont s'occuperait Marty Walder.
Or, à Oberglatt, une maison chrétienne pour jeunes filles en détresse, se trouvait justement en vente à ce moment-là.
La directrice avait déjà refusé une première offre d'achat, mais lorsqu'elle eut entendu quel était le projet de Mlle Walder, elle offrit elle-même de lui vendre tout le complexe.
Alors, dans la même journée, en une heure de temps, tout put être réglé : une banque de Zurich accordait tous les crédits nécessaires à l'achat !
Les débuts de «Mission-Foi-Evangile» dans le Centre de la France
Plus tard, sœur Marty Walder fut aussi prête à apporter aide aux débuts du travail de «Mission-Foi-Evangile» ans le Centre de la France où elle a assisté aux premières réunions.
Or, une jeune fille, du nom de Margrit Schwarz, qui la secondait dans le bureau où elle était employée, et qui était venue au Seigneur par son témoignage, entra par la suite, à l'école biblique de la «Faith Mission» à Edimbourg. Nos trois enfants y avaient déjà fait leurs études, et travaillaient à ce moment-là dans cette même mission en Ecosse et en Irlande.
C'est ainsi que Margrit Schwarz avait été préparée pour travailler avec «Mission-Foi-Evangile» dès ses dé¬buts, en juillet 1960 à Pouilly-sur-Loire.
Elle resta dans la Mission jusqu'au départ de Marty Walder pour la patrie céleste, et elle prit alors sa succes¬sion comme directrice de la maison de retraite.
Quant aux réunions pour l'annonce de la Parole à «Siloah», la pension d'Oberglatt destinée aux personnes âgées, elles purent se poursuivre environ tous les deux mois. Ainsi des chrétiens de différents milieux purent venir s'y joindre régulièrement.
Une officière de l'Armée du Salut
Un soir, aux alentours de minuit, un ami, colonel dans l'Armée du Salut, me téléphone, en grand désarroi.
Il se trouvait à Paris, auprès de sa cousine, elle-même Commissaire de l'Armée du Salut en France à ce moment-là. Elle était gravement malade, et les médecins avaient abandonné tout espoir pour elle: selon leur diagnostic, elle ne devait pas vivre jusqu'au lendemain matin.
Il me demanda de prier spécialement pour elle, afin que le Seigneur la garde en vie.
Je connaissais cette officière salutiste, comme une 1 sœur profondément consacrée au Seigneur, et préoccupée ? de l'avenir de l'Armée du Salut, qui était alors en danger de s'enliser dans les œuvres sociales. Quelques années auparavant, lors d'une réunion à Mulhouse, j'avais d'ailleurs eu l'occasion de prier avec elle à ce sujet, et je savais que son travail spirituel était vraiment béni et nécessaire.
Je priai donc pour elle au téléphone, demandant au Seigneur de la garder en vie pour le travail spirituel qu'il lui avait confié. Ayant, au nom de Jésus, lié la puissance de mort qui assaillait la mourante, et lui ordonnant de la quitter, je demandai alors au Seigneur de manifester Sa vie de résurrection dans le corps de cette sœur.
Puis, le colonel Tzaut, c'était son nom, après avoir raccroché, retourna dans la chambre, auprès de la mourante : la puissance de mort l'avait quittée ; elle s'endormit.
Le lendemain, elle put quitter son lit : à l'étonnement des médecins, elle était bien guérie.
Elle put à nouveau travailler plusieurs années dans l'Armée du Salut, et y être encore en grande bénédiction. Puis, le moment de sa retraite venu, elle alla s'installer dans le Midi, où j'ai encore pu lui rendre visite, à l'occasion d'une série dé réunions qui avaient lieu dans la région.
Elle aura ainsi pu vivre, en tout,. encore une dizaine d'années après cette nuit où Dieu l'a ramenée de la mort à la vie.
Le train qui dut attendre que Dieu donne le départ
Tandis que je faisais, à peu près une fois par mois, une réunion à Sarreguemines, je prenais toujours le train à Strasbourg. Il partait régulièrement sur le premier quai.
Cependant, un dimanche, voilà qu'un second train se trouvait ajouté sur le même quai, et devait partira peu près en même temps, mais en direction de Kehl, c'est à dire en ( sens inverse.
Or, comme les derniers wagons des deux trains se touchaient, il était impossible de distinguer qu'il y avait là deux trains orientés dans deux directions différentes, à moins d'avoir pris la précaution de lire l'écriteau indicateur accroché sur chaque wagon.
C'est seulement lorsque le train se mit en marche que je me rendis compte qu'il allait dans la direction opposée ; j'étais dans celui de Kehl ! Je priai alors, demandant au Seigneur d'empêcher le train de Sarreguemines de partir, avant que je ne sois revenu de Kehl.
Le train mit environ dix minutes pour arriver jusqu'à Kehl, puis il me fallut encore à peu près douze à quinze minutes pour revenir en taxi de Kehl jusqu'à la gare de Strasbourg en passant par la frontière, donc environ 25 minutes en tout.
Mon train était toujours à quai. J'eus à peine le temps d'y monter et de fermer la porte du wagon, qu'il se mettait déjà en marche !
Lorsque, peu après, je vis le contrôleur, et que je lui demandai pourquoi le train avait été si long à partir, s'il avait attendu la correspondance d'un autre, il ne put me donner aucune explication : personne ne savait pour quelle raison le départ avait été si longtemps retardé !
Je pus alors lui donner le témoignage de ce qui, en réalité, s'était passé. Je lui expliquai comment, après m'être aperçu trop tard que j'avais pris, sur le même quai, la mauvaise destination, j'avais prié, demandant à Dieu d'empêcher le train de partir avant que je ne sois revenu de Kehl, afin que je puisse arriver à temps pour une réunion à laquelle je devais me rendre à Sarreguemines.
Et c'est bien ce qui se produisit: je pus en effet arriver encore à temps pour le début de la réunion, et constater une fois de plus comment, en réponse à la prière, Dieu avait à nouveau dirigé le cœur des hommes !
Lorsque Dieu planifie les horaires de train
A l'époque où je dirigeais l'assemblée de Sarrebourg, nous avions une réunion de prière avec étude biblique un soir par semaine.
Aussi, ces soirs-là, je devais, après ma journée de travail, prendre ma voiture, faire le trajet Colmar-Sarrebourg, et rentrer tard dans la nuit. Il n'y avait pas d'autre possibilité, car il n'existait pas de trains à ces heures-là.
Cependant, à la longue, cela devint trop fatigant. Et je dus recourir à la prière et demander à Dieu de prendre les choses en main de façon qu'il y-ait des trains dont les horaires conviennent aussi bien pour l'aller que pour le retour.
L'exaucement ne tarda pas : peu de temps après, non seulement un nouveau train fut mis en place, qui partait de Colmar en fin d'après-midi et me permettait dès lors d'arriver juste à temps pour la réunion, mais même,
Plus frappant encore : ces horaires ont fonctionné aussi longtemps que j'étais responsable de la réunion de prière ; mais lorsque Dieu eut préparé un autre frère pour en prendre la charge, et que je n'eus plus à m'y rendre, les horaires changèrent à nouveau !
La prière des enfants
Des cadeaux pour Noël
Après la guerre, en Alsace, une croyante, veuve, avec ses deux enfants d'environ trois et cinq ans, se trouvait dans une grande détresse financière.
Or c'était l'approche de Noël, et l'on peut bien s'imaginer comme les petits attendaient un cadeau.
Mais cette année-là, la maman fut obligée de leur expliquer qu'elle était pauvre et qu'elle n'avait pas assez d'argent pour leur faire un cadeau de Noël.
Alors les enfants, loin de se désoler, s'écrièrent tous deux : «Eh bien, nous allons prier ! Notre cher Sauveur peut nous faire un cadeau de Noël !»
Ainsi prièrent ces deux petits, faisant connaître leur désir à Jésus, et Le remerciant en même temps, tout assurés d'avoir été entendus et déjà exaucés.
L'avant-veille de Noël, le facteur, chargé de colis, se présenta à la maman et, amusé, s'écria : «J'ai tant de paquets de Noël pour vous, qu'il faudrait une petite charrette à main pour les transporter tous !»
Voilà de quelle merveilleuse manière le Seigneur avait exaucé les prières de la foi de ces enfants, au-delà de ce qu'ils avaient pu demander et penser.
La pluie après la sécheresse
L'été suivant, cette même veuve descendit avec ses deux enfants dans le Midi chez sa belle-mère.
A son arrivée, tard dans l'après-midi, elle trouva sa belle-mère affligée : une grave sécheresse sévissait dans la région ; il y avait des mois que cela durait, et il n'y avait plus d'herbe, plus de légumes, plus rien qui poussait !
Alors les enfants demandèrent à la grand-mère si elle avait déjà prié pour que le Seigneur envoie de la pluie.
Elle reconnut qu'elle ne l'avait pas fait, et sans attendre ils déclarèrent en cœur : «Alors on va tout de suite Lui demander de nous donner de la pluie, puisqu'on en a tellement besoin !»
Puis, aussitôt la courte prière prononcée, ils s'adressèrent à leur maman : «Dis, maman ! tu nous réveilleras tout de suite, quand la pluie sera là, hein !»
Avec quelle diligence le Seigneur exauça la prière de ces enfants qui croyaient en Lui ! Il n'était pas encore minuit, en effet, que la pluie tombait déjà.
Aussitôt la mère les réveilla, comme ils le lui avaient demandé, et ils purent ensemble remercier le Seigneur pour la pluie.
C'est de cette maman elle-même que nous tenons le récit de ces expériences dont elle nous a fait part.
« Demandez et vous recevrez»
Après la guerre, en été 1945, nous sommes allés en famille à Prévessin dans le pays de Gex, non loin de Genève.
A notre arrivée, il régnait là une grande pénurie d'eau, car il n'avait pas plu depuis des mois.
L'herbe était jaune, et tous les légumes desséchés. Les hôtels se vidaient, car le manque d'eau obligeait les pensionnaires à écourter leur séjour et à partir. Les paysans eux-mêmes n'avaient plus d'eau pour leur bétail et devaient aller très loin en chercher dans des citernes.
Or, le dimanche après-midi, au cours d'une réunion de croyants qui avait lieu à cet endroit, je demandai si l'on avait déjà prié pour que le Seigneur accorde la pluie.
Comme ils ne l'avaient pas fait, je les encourageai alors à venir au Seigneur, et nous nous sommes humiliés ensemble devant Lui ; puis, dans la repentance, nous avons demandé qu'il accorde cette pluie si vitale.
Alors, dans Sa grâce le Seigneur a répondu aux prières : dans la même nuit et pendant plusieurs jours la pluie tomba, et, bien vite, l'herbe et les légumes à nouveau purent pousser.
Oui, le Seigneur désire que Ses enfants viennent à Lui dans la foi et que, dans la prière, ils attendent tout de Lui, même ce qui est nécessaire pour la nourriture.
lundi 28 juin 2010
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